Fiche de Synthèse : Les Autres Professionnels de la Vie des Affaires
I. Les Artisans
A. Définition Légale de l’Artisan (Loi du 5 juillet 1996, modifiée)
- Critères légaux (Art. 19) :
- Personne physique ou morale n’employant pas plus de dix salariés.
- Exerçant à titre principal ou secondaire une activité professionnelle indépendante de production, de transformation, de réparation ou de prestation de services.
- Activité figurant sur une liste établie par décret (après consultation des organismes professionnels).
- Doit être immatriculée au Répertoire des Métiers (RM) ou au registre des entreprises.
B. Définition Jurisprudentielle (Critères complémentaires)
- Absence de spéculation sur le travail d’autrui : L’essentiel des gains doit provenir du travail personnel de l’exploitant (emploi limité de salariés).
- Absence de spéculation sur les machines : Ne tire pas la majeure partie de ses revenus du travail des machines (sinon devient industriel/commerçant). Ex: fabricant de pâtes (Ch. Com. 1972).
- Absence de spéculation sur les matières premières (marchandises achetées pour revente) :
- Si double activité (production personnelle + achat/revente) et commercialisation secondaire : application de la théorie de l’accessoire (activité principale artisanale, ensemble qualifié de civil).
- Si commercialisation prépondérante : activité qualifiée de commerciale.
C. Statut de l’Artisan en Droit Privé
- Régime juridique :
- Inscription au RM (numéro sur documents professionnels).
- Relève du droit civil : contrats civils, Code civil applicable.
- Preuve des actes selon régime civil.
- Litiges relèvent des juridictions civiles.
- Pas d’obligation de comptabilité commerciale (allègement).
- Peut bénéficier dans certains cas du régime des commerçants (ex: procédures collectives si activité commerciale accessoire importante).
II. Les Professions Libérales
A. Définition
- Professionnel indépendant dont le métier relève d’une prestation intellectuelle ou conceptuelle, exercée sous sa responsabilité et au titre de ses compétences personnelles.
- Types :
- Professions libérales réglementées : Régies par un Ordre, accès limité (diplôme, qualifications). Ex: architectes, experts-comptables, avocats, notaires, professionnels de santé. Liste fixée par décret.
- Professions libérales non réglementées : Métiers conceptuels/intellectuels non régis par un Ordre. Accès libre. Ex: conseil, coaching, formateurs, traducteurs, métiers du web.
B. Statut Juridique
- Accès à la profession :
- Généralement réglementé (conditions de diplômes/formations).
- Souvent relève d’Ordres professionnels (contrôle, sanctions disciplinaires, recours possibles).
- Modalités d’exercice :
- Entreprise individuelle : Fréquent. Relève du régime de protection sociale des professions libérales.
- Société :
- Société civile (SCM, SCP).
- Société commerciale (SEL, société de capitaux classique).
- Collaborateur libéral : Membre d’une profession libérale exerçant auprès d’un autre professionnel (personne physique/morale) via un contrat de collaboration libérale.
III. L’Agriculteur
A. Définition
- Différent du commerçant : travail de production non assimilable à une activité commerciale par nature.
- Critères :
- Maîtrise d’un cycle biologique de caractère végétal ou animal.
- Inscription à un répertoire professionnel tenu par la Chambre de l’Agriculture.
- Inclut activités de pêche ou de pisciculture.
B. Statut de l’Exploitation Agricole (Formes Sociétaires Courantes)
- SCEA (Société Civile d’Exploitation Agricole) : Min 2 associés, pas de capital min.
- GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) : Min 2, max 10 associés exploitants. Capital min 1500€.
- EARL (Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée) : 1 à 10 associés. Capital min 7500€.
- SEP (Société En Participation) / Société de Fait : Min 2 associés. Pas de capital social formel.
IV. La Théorie de l’Accessoire (pour artisans, agriculteurs, professions libérales)
- Principe d’incompatibilité : En droit, incompatibilité entre réalisation d’actes de commerce et profession d’artisan, d’agriculteur, ou libérale (objectifs différents : profit vs. service/production personnelle).
- Théorie de l’accessoire (commercial) : Permet d’exercer une activité commerciale dite “accessoire” si elle s’inscrit dans le prolongement de l’activité principale civile (artisanale, agricole, libérale). L’ensemble reste qualifié selon l’activité principale.
- Ex: Agriculteur (pépiniériste) vendant les produits de sa pépinière. L’activité commerciale doit rester secondaire et directement liée.
- Limite : Si l’activité commerciale devient prépondérante ou que l’agriculture/artisanat revêt un caractère industriel avec spéculation sur les marchandises, le juge peut qualifier l’ensemble d’activité commerciale.