Fiche de Synthèse : Le Commerçant Personne Physique

Introduction

I. Définition du Commerçant (Art. L121-1 C.Com.)

A. Accomplissement d’Actes de Commerce

B. Accomplissement en Son Nom et Pour Son Compte

C. Accomplissement à Titre de Profession Habituelle

II. Régime des Actes de Commerce

A. Actes entre Commerçants

B. Actes Mixtes (entre Commerçant et Non-Commerçant)

III. Accès à la Profession de Commerçant

A. Principe : Liberté du Commerce et de l’Industrie (Décret d’Allarde 1791, valeur constitutionnelle).

B. Restrictions à l’Exercice du Commerce

  1. Liées à l’activité :
    • Activités interdites (santé publique, ordre public : stupéfiants, organes).
    • Activités réservées à l’État (timbres-poste, police).
    • Activités réglementées (diplôme : pharmacien ; autorisation : débits de boissons).
  2. Liées à la personne :
    • Capacité juridique : Seules les personnes capables peuvent être commerçantes.
      • Incapables (mineur non émancipé, majeur sous tutelle/curatelle) : Ne peuvent être commerçants (incapacité de jouissance). Doivent vendre, louer-gérer ou apporter en société un fonds reçu.
      • Majeur sous sauvegarde de justice : Peut théoriquement, mais actes rescindables pour lésion (insécurité juridique).
      • Mineur émancipé : Peut être commerçant sur autorisation du juge des tutelles (loi 2010).
    • Déchéances : Interdiction de commercer/gérer pour infractions liées aux affaires (vol, escroquerie).
    • Incompatibilités : Interdiction pour certaines professions (fonction publique, officiers ministériels, professions libérales) pour éviter conflits d’intérêts (bénéfice vs. intérêt général/service). Sanctions pénales/disciplinaires. L’acte reste valable, le contrevenant est “commerçant de fait”.
    • Commerçants étrangers : Nécessité de réciprocité (convention internationale) et/ou carte de commerçant étranger (délivrée par préfecture), sauf ressortissants EEE.

IV. Statut du Commerçant Personne Physique (Entreprise Individuelle - EI)

A. Protection du Patrimoine Personnel (depuis loi du 14 février 2022)

B. Obligations du Commerçant

  1. Immatriculation au RCS (Registre du Commerce et des Sociétés) : Dans les 15 jours du début d’activité (via CFE). Numéro à mentionner sur documents.
    • Effets :
      • Publicité (informe les tiers). Qualité de commerçant opposable aux tiers.
      • Présomption simple de la qualité de commerçant (preuve contraire possible).
    • Commerçant non immatriculé (de fait) : Qualité inopposable aux tiers. Subit les contraintes du statut sans en bénéficier. Tiers peuvent choisir le régime applicable (civil ou commercial).
    • Auto-entrepreneur : Dispensé d’immatriculation RCS (déclaration CFE/internet).
  2. Tenue de Documents Comptables Obligatoires (Art. L123-12 C.Com.) :
    • Livres comptables (livre-journal, inventaire, grand livre).
    • Documents annuels (bilan, compte de résultat, annexes).
    • Principes comptables : Régularité, sincérité, image fidèle (Art. L123-14 C.Com.).
    • Sanctions pénales pour irrégularités.
    • Valeur probatoire : Comptabilité régulière admise comme preuve entre commerçants.
    • Auto-entrepreneur : Obligations allégées (livre recettes, registre achats).

V. Le Commerçant et sa Famille (Régimes Matrimoniaux et PACS)

A. Commerçant Marié

  1. Régime légal (Communauté réduite aux acquêts) : ~90% des mariages.
    • Actif :
      • Biens propres : acquis avant mariage, par succession/donation pendant, biens par nature, biens remplaçant des propres (avec déclaration de remploi).
      • Biens communs (acquêts) : acquis à titre onéreux pendant mariage (fonds de commerce), revenus professionnels, revenus des biens propres. Présomption de communauté (preuve contraire par acte notarié).
    • Gestion :
      • Biens propres : Pouvoirs exclusifs (sauf logement familial et meubles meublants).
      • Biens communs : Pouvoirs concurrents (sauf fonds de commerce : gestion par l’époux exerçant la profession - Art. 1421 al.2 C.Com.).
    • Passif (dettes) :
      • Principe : Dettes communes (engagent biens propres du débiteur + biens communs). Inconvénient pour l’EI (créanciers peuvent saisir biens communs).
      • Exceptions : Emprunt/cautionnement sans accord de l’autre n’engage que propres et revenus du débiteur. Dettes d’un époux n’engagent pas revenus pro de l’autre.
      • Dettes ménagères (entretien ménage, éducation enfants) : Solidarité (Art. 220 C.Civ.).
  2. Régime de la Séparation de Biens : Nécessite contrat de mariage notarié.
    • Pas de biens communs, chaque époux propriétaire de ses biens et tenu de ses dettes.
    • Exceptions : Dettes ménagères (solidarité), protection logement familial.
    • Avantageux pour protéger le conjoint du commerçant.

B. Commerçant Pacsé (Art. 515-1 C.Civ.)

VI. Le Conjoint du Commerçant

A. Conjoint participant à l’exploitation commerciale (Loi 10 juillet 1982)

  1. Conjoint Salarié : Pas commerçant. Participe effectivement, professionnellement, habituellement. Salaire ≥ SMIC. Protection sociale.
  2. Conjoint Associé (ex: SARL de famille) : Pas commerçant. Pouvoirs de gestion selon statuts (co-gérant possible).
  3. Conjoint Collaborateur (fréquent) : Pas commerçant. Mention RCS. Pas de rémunération (profite des fruits).
    • Pouvoirs : Réputé avoir mandat pour actes d’administration/gestion courante (présumés faits au nom du commerçant).
    • Actes de disposition sur fonds de commerce : dépendent du régime matrimonial.
      • Séparation : Seul le propriétaire du fonds décide.
      • Communauté (fonds commun) : Consentement des deux époux.

B. Conjoint ne participant pas à l’exploitation